Une œuvre à l’histoire très particulière
Le prêtre Gregorio Allegri, né à Rome en 1512, se fait remarquer par le Pape Urbain VIII pour ses compositions religieuses ; il devient choriste puis maître de la Chapelle Sixtine et compose ce sublime Miserere, entre 1629 et 1652.
Cette œuvre a été chantée pendant plus de 100 ans dans la belle Chapelle, uniquement à l’occasion des Matines du mercredi et du vendredi de la Semaine Sainte.
Sa partition était tenue secrète au Vatican qui en gardait ainsi l’exclusivité.
Pourtant, en 1770, le génial Mozart a 14 ans quand il entend l’œuvre alors qu’il assiste aux matines au Vatican; il en retranscrit la partition de mémoire -sans y adjoindre les ornements.
De l’ombre à la lumière … le psaume 50
Le Misere d’Allegri, motet à 9 voix, met en musique les 21 versets du psaume 50, psalmodiés en latin. Deux thèmes principaux se succèdent qui nous font cheminer « de l’ombre à la lumière ».
Au début s’exprime la souffrance de l’homme implorant la miséricorde de Dieu pour le pardon de ses péchés :
Verset 3 « Miserere mei, Deus, secundam magnam misericordiam tuam »
Pitié pour moi mon Dieu, dans ton amour ; selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Puis vient l’espérance d’être sauvé et d’être fortifié par l’Esprit afin d’annoncer la louange du Seigneur.
Verset 17 « Domine, labia mea aperies et os meum annuntiabit laudem tuam »
Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annonce ta louange.
Etonnez-moi, Arpège ! La rencontre du chœur baroque et d’un saxophone
En marche vers la Semaine Sainte, Arpège prépare l’interprétation d’une version du Miserere créée par Johannes Hiemetsberger, musicien autrichien contemporain.
Il associe à l’œuvre originale des procédés de composition actuels.
Porté par les harmonies du chœur, un saxophone soprano s’y invite en soliste et « chante » dans les aigus des arabesques musicales qui émeuvent et interrogent.
En alternance, les versets du Psaume 50 sont chantés en grégorien par le chœur; se répondent les voix d’hommes, celles d’un quatuor vocal et celles de l’ensemble.
Dans l’intervalle, la mélodie céleste et bien connue du « Miserere… » se répète, relayée par les solistes et l’ensemble du chœur.
Une spatialisation de la musique
La fusion entre les harmonies chorales de style baroque et la « voix » plus contemporaine du saxophone soprano crée une atmosphère sonore surprenante.
Pour que le public vibre au mieux à ce mélange des timbres, Jacques Charpentier, à la recherche d’une spatialisation sonore, propose une mise en espace des chanteurs.
Vers l’espérance… trois œuvres pour chœur et saxophone à découvrir !
Dans le même esprit d’une rencontre entre chœur et saxophone s’ajoutent deux pièces plus modernes qui encadrent le Miserere.
- Living voices de James Whitbourn, qui évoque la mémoire des victimes des attentats du 11 septembre 2001
- Quanta Qualia de Patrick Hawes, qui traduit l’espoir du croyant de découvrir après sa mort le face-à-face avec Dieu.