Michel Laplénie et Arpège…

 

À la demande de Jacques Charpentier, je vais essayer de dire ce qu’évoque pour moi la longue collaboration avec Arpège entre 2001 et 2016.

En préambule, je voudrais évoquer ma toute première rencontre avec Arpège. C’était en 1983, je crois, à une époque où je ne pensais pas du tout à diriger, mais où j’étais chanteur à part entière, avec « les Arts Florissants », et aussi « la Grande Écurie » de Jean-Claude Malgoire. Celui-ci m’avait sollicité pour participer à un enregistrement du « Miserere » de Michel Richard de Lalande et je me revois entrant dans l ‘église du Liban à Paris, et me trouvant face à l’orchestre et au Groupe Vocal Arpège que dirigeait alors Joël Péral.

Plus tard, en 2000, quand Sagittarius s’est implanté en Aquitaine, Patrick Malet m’a tout de suite sollicité pour envisager des projets autour de la musique baroque et ce fut le début d’une longue collaboration qui a pris fin en novembre 2016.

Je dirais avant toute chose, que les différents concerts et collaborations ont été pour moi un pur bonheur, car à chaque fois, j’ai senti de la part des choristes un énorme intérêt. Souvent j’ai proposé des œuvres peu chantées, voire même inédites, comme le « Requiem » de Charles Levens donné à Bordeaux (abbatiale Sainte-Croix) et Bazas (cathédrale) en 2002, suivi de l’enregistrement de cette œuvre pour un CD (Lira d’Arco). Plus tard en 2007, ce sera le « Te Deum » du même Levens, avec concert dans l’église Saint-Seurin, glaciale en plein mois de janvier, et enregistrement de cette œuvre, pour la firme Hortus, à la chapelle de la DRAC.

Un magnifique souvenir reste pour moi la « Messe à quatre chœurs » de Marc-Antoine Charpentier en 2004. On était à peu près 100 exécutants, tassés dans l’abbatiale Sainte-Croix.  En plus d’Arpège il y avait Sagittarius, Orfeo et l’EVAD (Ensemble Vocal de l’Abbaye aux Dames) de Saintes, plus beaucoup d’instrumentistes. Je me revois au milieu de la nef, flanqué sur un podium comme sur un ring de boxe, dirigeant tout ce monde réparti en croix dans l’église. Ce qui n’était pas une mince affaire ! Plus de 800 personnes dans l’église ! Inoubliable !! Ce programme fut redonné dans la foulée au festival de Lourdes.

Autre œuvre française du 18ème siècle : le « Requiem » d’André Campra à Saint-Paul avec l’Orchestre baroque de Montauban : une magnifique collaboration avec cet orchestre qui s’appelle maintenant Les Passions et qui nous accompagna aussi dans le « Te Deum » de Ch. Levens.

La musique allemande ne fut pas absente. Ce fut une des premières demandes de Jacques Charpentier, qui sait mon amour des  motets allemands, de monter tout un programme autour de la famille Bach. Nous avons ainsi mis sur pied un superbe programme de motets, chanté à l’église Saint-Louis des Chartrons : je reconnais avoir fait un peu souffrir le chœur avec mes exigences de prononciation en allemand.

Je finirai cette évocation par deux concerts hors du commun :

– un premier où j’ai eu l’honneur, non pas de diriger, mais de chanter en soliste avec 4 autres solistes de Sagittarius (dont le jeune Philippe Jaroussky) dans « Israël en Egypte » de G. F. Haendel, dirigé par le regretté Jean-Claude Malgoire, à la basilique Saint-Seurin.

– le deuxième fut notre dernière collaboration : « Judas Maccabeus », de Haendel également, donné au Pin Galant de Mérignac, où j’étais à la tête d’une belle cohorte de musiciens bordelais :  en plus d’Arpège, il y avait Orfeo (direction Françoise Richard), et  l’orchestre baroque Zaïs, fondé par le claveciniste bordelais Benoit Babel. Ce fut un très beau chant du cygne, car un mois après, je quittais Sagittarius et la région bordelaise.

Un immense merci à Patrick Malet et Jacques Charpentier qui m’ont si régulièrement associé aux activités de ce magnifique chœur. Et merci à tous ces choristes, dont certains sont devenus des amis, et qui auront ainsi, je l’espère, élargi leur répertoire et renforcé leur amour de la musique baroque.

Michel Laplénie

 

Les concerts

2000 – Passion selon saint Marc et cantates 36 et 61 de J.-S. Bach (Bordeaux)

2001 – Requiem de Ch. Levens, Stabat Mater de S. de Brossard, Motets de J.-Ph. Rameau (Bordeaux)

2002 – Israël en Egypte de G. F. Haendel, en soliste (Bordeaux)

2003 – Oratorio de Pâques et cantates 67 et 104 de J.-S. Bach (Bordeaux)

2003 – Requiem et De profundis de Campra (Bordeaux)

2004 – Messe à quatre chœurs et Te Deum de M.-A. Charpentier (Bordeaux et Lourdes)

2006 – Cantate 106 de J.-S. Bach et Te Deum de Ch. Levens (Bordeaux)

2013 – Motets de la famille Bach (Bordeaux)

2016 – Judas Maccabeus de G. F. Haendel (Mérignac)

Rappel de nos prochains concerts :