Jesu, meine Freude

Bach, Mendelssohn, et cætera

PRÉSENTATION DU PROGRAMME

Lors de ses études de direction de chœur, Jacques Charpentier a eu la chance de bénéficier de l’enseignement de nombreux artistes pédagogues, dont Pierre Cao. Lors d’une de ses master class parisiennes, il découvre en profondeur le motet BWV 227 de J.-S. Bach. 

Près de 15 ans plus tard, il concrétise son projet de réunir tous les compositeurs ayant été inspirés par le cantique luthérien (1653) de Johann Crüger « Jesu, meine Freude ». 

De Telemann à Mendelssohn en passant par Buxtehude et Hammerschmidt, les harmonies et les mélodies sont certes différentes, mais la phrase musicale toute simple de ce cantique en constitue le socle commun. 

Lors de ce concert, vous pourrez ainsi apprécier une diversité de composition, basée sur un même texte, qui véhicule un message fort : face à la mort, espérance et confiance en la personne de Jésus. 

Hammerschmidt, fortement inspiré des innovations venues d’Italie (figuralisme ou madrigalisme), témoigne de la musique d’époque fin Renaissance/début du Baroque. Il pose le texte comme pierre angulaire de sa musique ; la prosodie en est le guide ultime, comme le disait déjà Claudio Monteverdi en son temps. Ainsi, sa musique danse sans cesse, changeant d’appuis et surprenant régulièrement le public, telle une valse de mots sur une vague musicale.

Buxtehude et Telemann sont quant à eux complètement immergés dans la période Baroque, qui offre une approche différente de celle de la musique de la Renaissance. Les textes servent toujours la musique, mais ces compositeurs permettent aussi aux instruments à cordes de s’exprimer par leurs propres mélodies ; cela complète avec bonheur les dynamiques et les contrastes mis en valeur par les interventions du chœur.

Doles, lui, est résolument tourné vers le Classicisme, même si sa musique reflète parfois les influences stylistiques baroques (il suit des cours avec J.-S. Bach lorsqu’il est en résidence à Leipzig). Composée sous forme d’esquisses ou de courts tableaux, son œuvre Jesu, meine Freude nous propose une musique polyphonique verticale, et des harmonies que nous pouvons aisément retrouver chez W. A. Mozart (lui-même d’ailleurs impressionné par l’exécution de Doles, en 1789, du motet de Bach Singet dem Herrn ein neues Lied).

Le volet romantique de ce cantique luthérien est représenté par Mendelssohn, qui se l’approprie en 1828. Alors que l’édition musicale est déjà développée à cette époque, des œuvres de ce compositeur restent étonnamment dans l’oubli encore aujourd’hui. Ironie de l’histoire, c’est grâce à ce musicien que nous connaissons et chantons J.-S. Bach aujourd’hui, alors que lui-même conserve des œuvres non éditées (pas moins de 200 compositions seraient encore à l’état de manuscrit). Le Choral qui sera donné lors du concert reflète pleinement ce lien entre Bach et Mendelssohn : alternance des thèmes entre cordes et voix, écriture fuguée (où excelle la musique baroque), introduction orchestrale lançant la polyphonie… une structure très proche de celle des cantates de Bach. S’y ajoute une pointe de romantisme, grâce aux harmonies plus audacieuses et à des mélodies plus étirées. 

Comment conclure au mieux ce voyage musical ? Avec Jean-Sébastien Bach, dont les motets représentent le summum de l’écriture chorale baroque : courts, concis, et extrêmement complets à bien des égards. Celui qui sera interprété pendant le concert, « Jesu, meine Freude » BWV 227, est un modèle du genre. Musique funèbre composée en mémoire de la veuve d’un haut dignitaire de Leipzig, son architecture parfaitement symétrique impressionne : y alternent 6 chorals sur un poème de Yohann Franck et 5 versets tirés de l’épître de saint Paul aux Romains.

Au centre culmine la fugue à 5 voix composée sur le texte de saint Paul « Vous ne vivez pas selon la chair, mais selon l’Esprit » qui incite au recueillement. Sa forte rhétorique fusionne parfaitement les figures musicales et le texte. 

Et que dire de la beauté de chaque mélodie ? Même superposées aux autres voix du chœur, elles forment un tout parfait, où l’unité qui se dégage est le reflet de l’esprit profond de Bach, une musique pour prier, émouvoir, et instruire par le beau.

Toutes ces œuvres seront interprétées en alternance avec la composition de Zachow, également conçue à partir du choral Jesu meine Freude. Construite sur le principe « Thème et Variations », elle illustre le traitement purement instrumental réalisé par ce compositeur qui a enseigné la science du contrepoint à un certain… Georg Friedrich Haendel !

Jacques Charpentier

Directeur Artistique

BON À SAVOIR !

Le Rotary Club de Pessac est partenaire de cet événement et reversera les fonds récoltés à l’Institut Bergonié, Centre de Lutte Contre le Cancer (CLCC) de la région Nouvelle-Aquitaine.

PROGRAMME COMPLET

Freude, Freude, grosse Freude – Andreas Hammerschmidt (~1611 – 1675)

Der Herr ist mit mir – BuxWV 15 – Dietrich Buxtehude (~1637 – 1707)

Jesu meine Freude / variation 1 – Friedrich Wilhelm Zachow (1663 – 1712)

Jesu, meine Freude – TWV 1:970 (extraits) – Georg Philipp Telemann (1681 – 1767)

Jesu, meine Freude / variation 12 – Friedrich Wilhelm Zachow

Jesu, meine Freude – Johann Friedrich Doles (1715 – 1797)

Jesu, meine Freude / variation 2 – Friedrich Wilhelm Zachow

Jesu, meine Freude – Felix Mendelssohn (1809 – 1847)

Jesu, meine Freude / variation 9 – Friedrich Wilhelm Zachow

Jesu, meine Freude BWV 227 – Johann Sebastian Bach (1685 – 1750)

DISTRIBUTION

Violons Yan Ma et François Costa

Violon alto – Yves Tastet

Violoncelle – Pauline Lacambra

Contrebasse – Marc Bollengier

Orgue positif – Yvan Garcia

Chœur – Groupe vocal Arpège de Bordeaux

Direction musicale – Jacques Charpentier

DATE - LIEU

Samedi 6 Avril, 20h30 – Basilique Saint-Seurin, Bordeaux (33)

RÉSERVER

INFOS PRATIQUES

Lieu : Basilique Saint-Seurin, Bordeaux